… de l’obscurité à la lumière…
par
IMAGO MUNDI
Jana Pieters, soprano
Khaled Alhafez, chant soufi
Liam Fennelly, viola da gamba
Tammam Ramadan, ney
Sofie Vanden Eynde, théorbe et direction artistique
Bart Jacobs, orgue
Il y a quelque temps, j’ai eu le plaisir de jouer les Leçons de Ténèbres de François Couperin. Ces lamentations sur des textes de Jérémie tirés de l’Ancien Testament déplorent la destruction de Jérusalem en 587 avant Jésus-Christ ; elles étaient chantées dans la liturgie catholique romaine, les Jeudi, Vendredi et Samedi saints, lors des matines. On utilisait alors un candélabre dont on éteignait les bougies au fur et à mesure après chaque prière, afin d’évoquer la fuite des apôtres et des disciples du Christ. La dernière chandelle, symbole du Christ, n’était pas soufflée mais cachée derrière l’autel. On la faisait réapparaître le jour de Pâques ; elle figurait alors la résurrection du Christ.
Par un singulier hasard, j’avais quelques jours plus tôt vu des photos de Palmyre en Syrie. Durant l’Antiquité, Palmyre, était une oasis immensément riche située sur la Route de la soie ; ses habitants offraient aux commerçants ambulants leur protection contre les attaques de Bédouins. Les Palmyréniens surnommaient eux-mêmes leur ville « Tadmor », c’est-à-dire « miracle ». Elle a été considérablement saccagée par l’État islamique.
Tandis que je jouais les lamentations, ces images me revenaient sans cesse en tête, et j’ai décidé de consacrer un programme au thème de la destruction, et plus particulièrement à l’anéantissement de Jérusalem et de Palmyre. Mais d’un point de vue symbolique, toute destruction porte en elle la probabilité d’un nouvel avenir. À Yom Kippour, les juifs commémorent ainsi leurs morts et les victimes de la Shoah ; ils jeûnent également, en guise de purification et afin d’obtenir le pardon des éventuelles fautes commises durant l’année écoulée. La possibilité d’être pardonné est source de joie. De là à établir un parallèle avec la renaissance que le printemps apporte chaque année après un long hiver froid et sombre, il n’y a qu’un pas.
Ce programme fera résonner tour à tour les Leçons de Ténèbres de François Couperin et Michel-Richard Delalande, un arrangement de Kol Nidrei pour viole de gambe et théorbe, et un tombeau de Marin Marais pour cette même formation. Des improvisations sur des textes soufis d’Ibn Arabi, Mansur al-Hallaj, Rûmî et Ibn Al-Fârid donneront également à entendre comment la tradition islamique traite le thème de la destruction et de la résurrection.
musiqie ancienne de F. Couperin, M. de Lalande, M. A. Charpentier et d’une mosquée détruite à Aleppo
musique improvisée sur des textes sufi
nouvelle musique de Frederik Neyrinck