7 Larmes de John Dowland & 6 Interludes de Annelies Van Parys
Femke Gyselinck, choréographie & danse
&
HATHOR CONSORT
Romina Lischka, dessus de viole et direction artistique
Liam Fennelly, ténor de viole
Thomas Baeté, ténor de viole
Anne Bernard, basse de viole
Benoit Vanden Bemden, violone
Sofie Vanden Eynde, luth
“LACHRIMAE, or Seaven Teares Figured in Seaven Passionate Pavans, with divers other Pavans, Galiards, and Almands, set forth for the Lute, Viols, or Violins, in five parts” : c’est le titre complet de la collection de musique d’ensemble que John Dowland publie en 1604, alors qu’il est au service du roi Christian IV de Danemark.
Le recueil est extraordinaire à plusieurs égards. Que Dowland ouvre ce recueil avec sept pavanes liées entre elles comme un cycle abstrait de variations est également parfaitement nouveau à l’époque. Il tisse plutôt, au travers de ses sept pavanes, une merveilleuse toile de réminiscences thématiques et harmoniques. La première pavane, Lachrimae Antiquae ou « larmes anciennes », est à l’origine une pièce pour luth solo, dont Dowland réutilise ensuite le matériau musical pour sa célèbre lute song Flow my Tears. Le texte de cette chanson reflète sans réserve la fascination et l’obsession élisabéthaines pour la mélancolie. Marsile Ficin, l’important philosophe néoplatonicien florentin, décrit la mélancolie comme la conséquence de l’aspiration de l’homme à son principe divin. La mélancolie est bien plus que de l’affliction terrestre, elle peut donner accès par sa qualité inspirée à la contemplation profonde et à la connexion avec le divin. Les larmes sont l’expression consacrée de cette mélancolie. En effet, les larmes n’émanent pas de la substance terrestre, mais jaillissent pour ainsi dire de l’âme elle-même.
Mélancolie moderne
Les Interludes d’Annelies Van Parys, un ensemble de pièces commandé par le Hathor Consort, trouvent leur place telles des ponctuations entre les pavanes de Dowland.
Van Parys utilise la musique de Dowland ainsi que le timbre particulier du consort de violes de gambe comme point de départ aux Interludes, créant un commentaire contemporain à la mélancolie du compositeur anglais. La fin de chaque variation résonne comme quelque chose de neuf, une expression d’identification et d’aliénation, de distorsion et de transformation. Les interludes de Van Parys nous mènent par d’imprévisibles détours, voguant sur la profonde tension qui traverse les pavanes de Dowland, de la purification au désespoir.
La danse, une sixième voix
Le Hathor Consort a souhaité élargir l’énigmatique mélancolie des Lachrimae à cinq parties en y ajoutant la danse, telle une sixième voix.La danseuse Femke Gyselinck a puisé son inspiration chorégraphique directement dans le texte des Lachrimae :”Flow my tears”. Ses mouvements sont un portrait dansé des émotions de ce poème sombre, probablement écrit par Dowland lui-même. Son language n’est jamais concret , mais invoque, telle la musique , les muses de la Mélancholie : tantôt introverti , tantôt la main tendue vers ce qui se trouve hors de notre portée. Chaque Pavane est constituée de trois strophes répétées et la danse dessine chacune de ces strophes telle une lente ligne s’étirant d’un côté à l’autre de la scène.Musique et danse respirent au même rythme, mais la danse évoque parfois des récits qui lui sont propres.